Définition de la médecine de la douleur
La médecine de la douleur est une surspécialité médicale qui vise la prévention, l’évaluation, le diagnostic et le traitement de la douleur ainsi que la réadaptation des patients aux prises avec des douleurs aiguës et chroniques associées ou non à un cancer, et ce, à tous les âges de la vie.
Description du rôle du médecin spécialisé en médecine de la douleur
Le médecin spécialisé en médecine de la douleur acquiert, maintient et enrichit un corpus de savoirs, d’habiletés spécialisées, de techniques d’intervention, d’attitudes professionnelles et de stratégies de gestion de l’incertitude indispensables à la prévention, à l’évaluation et au traitement de la douleur aiguë, chronique ou cancéreuse. Il doit posséder une solide connaissance des principes généraux de la médecine et de la chirurgie, ainsi que des connaissances et des aptitudes liées plus particulièrement aux domaines de la psychiatrie, de la toxicomanie, de la neurologie, de la physiatrie, de la rhumatologie, de la pédiatrie, de la gériatrie, de l’oncologie, des soins palliatifs, de l’orthopédie, de la gastroentérologie, de l’obstétrique-gynécologie, de la radiologie et de la pharmacologie.
Le médecin spécialisé en médecine de la douleur utilise ces ressources pour recueillir et interpréter l’information disponible et prendre des décisions appropriées pour l’élaboration et l’exécution des traitements destinés aux patients de tout âge. Il s’appuie sur les données probantes de la pratique factuelle et assume la responsabilité de recommander, prescrire ou accomplir des actes médicaux invasifs au moment opportun. L’exécution de ces tâches par un expert compétent et dans le plus grand respect de l’éthique permet l’amélioration de la qualité de vie des patients, ce qui s’avère bénéfique pour la famille, la société et l’avenir des soins de santé. Le médecin spécialisé en médecine de la douleur produit un rapport (verbal ou écrit) et sait quand une intervention rapide auprès de l’équipe traitante est nécessaire. Il s’assure d’un suivi adéquat des traitements médicaux ou chirurgicaux, il en évalue les effets, il effectue les ajustements qui s’imposent et traite les éventuelles complications. Il sait reconnaître ses propres limites et demande au besoin l’avis d’autres experts dans son domaine ou celui des autres professionnels de la santé. Le médecin spécialisé en médecine de la douleur fait son travail en respectant ses compétences disciplinaires et ses limites personnelles et en tenant compte du style cognitif du patient, de son niveau d’éducation et de littératie en matière de santé, de ses caractéristiques sociales tels sa religion, son appartenance culturelle et son statut économique ainsi que des contextes de pratique et d’organisation des soins. Il décode les sentiments et les émotions de son interlocuteur et exprime cette compréhension sans blesser, heurter ou autrement gêner. Il anticipe, reconnaît et gère les situations à risque pour la sécurité des patients.
Le médecin spécialisé en médecine de la douleur agit en partenariat avec le patient et ses proches et l’ensemble des intervenants. Dans l’équipe interdisciplinaire, il adapte son rôle en fonction des individus, des organisations, des modes de communication et des domaines d’intervention. Il contribue au fonctionnement optimal, à l’évolution et à l’évaluation des processus. Afin de prévenir les conflits, il prend part à la résolution des difficultés liées à la dynamique de l’équipe.
Il peut agir à titre d’enseignant, de chercheur et formuler un avis d’expert. Il sait gérer efficacement le personnel. Il participe à l’évaluation de la qualité de l’acte médical. Il communique efficacement ses connaissances à ses patients et à leur famille de même qu’à ses pairs et aux autres professionnels de la santé. Il utilise les ressources du réseau judicieusement et il contribue à l’apport de nouvelles connaissances; il démontre son professionnalisme en offrant des soins de la plus haute qualité avec intégrité, honnêteté et compassion; enfin, il exerce la médecine selon les principes déontologiques de la profession.
But général du programme de surspécialité
La surspécialité de la médecine de la douleur vise à former des médecins capables d’exercer un rôle de consultant dans cette discipline. Au terme de leur formation, les résidents possèdent l’expertise pour effectuer des évaluations adéquates, poser des diagnostics clairs, établir des plans de traitement appropriés et recourir aux habiletés techniques nécessaires pour traiter les patients souffrant de douleurs aiguës, chroniques ou d’origine cancéreuse dans le cadre d’une approche interdisciplinaire qui inclut le patient. Sous la supervision directe d’un médecin ayant des compétences dans le soulagement de la douleur, le résident servira une clientèle ambulatoire, hospitalisée ou en provenance du service des urgences. La formation proposée permettra à ces futurs consultants d’acquérir de solides connaissances cliniques et fondamentales sur la douleur et son traitement de même que des compétences en ce qui a trait à la prévention et à la recherche. Ce programme prépare aussi les futurs spécialistes à devenir des intervenants clés auprès de l’ensemble des professionnels de la santé interpellés par la douleur de leurs patients et pour l’organisation des services en gestion de la douleur.
Pour être admissibles à ce programme de surspécialité, les candidats doivent être titulaires du certificat du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada en anesthésiologie, neurologie, rhumatologie, physiatrie, pédiatrie, médecine d’urgence, médecine interne ou psychiatrie. Les candidats qui possèdent un certificat dans une autre spécialité médicale ou chirurgicale comme l’oncologie médicale, la neurochirurgie, la chirurgie orthopédique ou la médecine palliative sont admissibles au programme à certaines conditions.
Les résidents doivent avoir les connaissances, les habiletés et les attitudes nécessaires pour offrir des soins centrés sur le patient dans un contexte de population diversifiée. Dans tous les aspects de cette pratique spécialisée, les candidats doivent être capables de gérer d’une façon professionnelle des problématiques liées au sexe, à l’orientation sexuelle, à l’âge, au statut social, aux codes civil et pénal, à la culture, à l’ethnicité, à la religion et à l’éthique.
Agrément du programme en médecine de la douleur de l’Université de Montréal
Les programmes de l’Université de Montréal en anesthésie, chirurgie générale, médecine interne, neurologie, pédiatrie, chirurgie orthopédique et psychiatrie sont agréés par le Collège royal. L’Université est donc admissible à l’agrément de son programme en médecine de la douleur.
Description des compétences en médecine de la douleur
Expertise médicale
La définition du rôle
En tant qu’expert médical, le spécialiste en médecine de la douleur joue tous les rôles CanMEDS et utilise son savoir médical, ses compétences cliniques spécialisées et son professionnalisme pour prodiguer des soins axés sur le patient, aux enfants, aux adolescents, aux adultes, aux aînés, aux individus en fin de vie, dans divers milieux, dont les hôpitaux, les services de consultation externe et la communauté.
Le rôle d’expert médical est le rôle pivot du médecin dans le cadre CanMEDS. À ce titre, le spécialiste en médecine de la douleur a pour principale compétence la capacité de synthétiser l’information accessible afin de recommander la meilleure méthode de soulagement de la douleur pour le patient.
La description du rôle
Dans son rôle d’expert, le médecin spécialisé en médecine de la douleur vise le bien-être du patient et de la population en partenariat avec eux. Il acquiert, maintient et enrichit un corpus de savoirs, d’habiletés spécialisées, de techniques d’intervention, d’attitudes professionnelles et de stratégies de gestion de l’incertitude. Il utilise ces ressources pour recueillir et interpréter de l’information, prendre des décisions appropriées et pratiquer des interventions préventives, diagnostiques et thérapeutiques auprès des patients. Il s’assure d’un suivi adéquat de ces interventions, il en évalue les effets et effectue les ajustements nécessaires. Il accomplit ces tâches en respectant ses compétences disciplinaires, ses limites personnelles et l’éthique professionnelle, en tenant compte des perspectives propres aux patients et des contextes de pratique et d’organisation des soins. Il anticipe, reconnaît et gère les situations à risque pour la sécurité des patients. Le cas échéant, il peut agir à titre d’enseignant ou de chercheur et formuler un avis d’expert[1].
Promotion de la santé
La définition du rôle
En tant que promoteur de la santé, le médecin spécialisé en médecine de la douleur utilise son expertise et son influence de façon responsable pour promouvoir la santé, l’intégration sociale et le mieux-être des patients, de collectivités et de la population.
La description du rôle
Dans son rôle de promoteur de la santé, le médecin spécialisé en médecine de la douleur encourage ses patients à prendre en main leur santé et leur bien-être et à utiliser les moyens à leur disposition pour y parvenir. Il tient compte de l’ensemble des facteurs influençant la santé : les comportements et les habitudes de vie, les conditions sociales et économiques, les services sociaux et médicaux, les conditions environnementales et les politiques publiques. Il inscrit sa pensée et ses actions dans une perspective locale autant que globale. Le médecin s’intéresse à la communauté dans laquelle il se trouve par ses actions destinées à accroître la capacité de cette dernière à influencer positivement la santé et ses déterminants. Pour exercer son rôle, il fait appel à l’information, à l’éducation et à l’habilitation (empowerment), et il plaide en faveur de la santé et du bien-être des individus et de la collectivité.
Collaboration
La définition du rôle
En tant que collaborateur, le médecin spécialisé en médecine de la douleur travaille efficacement au sein d’équipes de soins de santé et de réseaux afin de prodiguer des soins optimaux aux patients. Il travaille en partenariat avec d’autres intervenants qui participent de manière appropriée à la prestation de soins à des individus ou à des groupes de patients en particulier. Ce partenariat est de plus en plus important dans un contexte interdisciplinaire où les soins axés sur le patient représentent un objectif commun. Il est donc essentiel pour le médecin spécialisé en médecine de la douleur de pouvoir collaborer efficacement avec les patients et une équipe interprofessionnelle ou multidisciplinaire afin d’optimiser la qualité des soins, d’améliorer la collaboration et de permettre la transmission des connaissances et des habiletés entre professionnels de la santé.
La description du rôle
Le médecin spécialisé en médecine de la douleur exerce son rôle de collaborateur en partenariat avec le patient et ses proches et l’ensemble des intervenants, dans une variété de situations qui requièrent l’exercice d’un leadership partagé. Ces situations peuvent être la coordination de gestes techniques, la consultation, l’élaboration de plans de soins, la cogestion d’un programme de soins, l’enseignement, la préparation de protocoles de recherche, etc. Dans ces équipes[2], il adapte son rôle de collaborateur en fonction des individus, des organisations, des modes de communication et des domaines d’intervention. Il contribue à leur fonctionnement optimal, à leur développement et à l’évaluation de leurs processus et de leurs résultats. Afin de prévenir les conflits, il participe à la résolution des difficultés liées à la dynamique de l’équipe.
Gestion
La définition du rôle
En tant que gestionnaire, le médecin spécialisé en médecine de la douleur participe à part entière à la vie d’organisations de soins de santé ou il travaille à les améliorer et met en œuvre des pratiques durables, prend des décisions sur l’affectation des ressources et contribue à accroître l’efficacité du système de soins de santé.
La description du rôle
Dans ses activités quotidiennes, le médecin spécialisé en médecine de la douleur établit des priorités afin d’obtenir des résultats optimaux pour le bien-être des patients. Il exécute efficacement des tâches organisationnelles et fait des choix judicieux dans l’utilisation des ressources humaines, matérielles et financières disponibles. Le rôle de gestionnaire implique aussi l’engagement du médecin dans les prises de décision touchant au fonctionnement de son milieu d’exercice et du système de santé sur les plans local, régional ou national selon les responsabilités administratives qui lui sont confiées. Pour remplir adéquatement ses fonctions, le médecin organise sa pratique professionnelle tout en respectant sa vie personnelle.
Érudition
La définition du rôle
En tant qu’érudit, le médecin spécialisé en médecine de la douleur s’engage dans un processus continu de développement de sa compétence professionnelle, ce qui implique l’utilisation des principes de la démarche scientifique et de la pratique réflexive dans ses activités d’apprentissage, de recherche et d’enseignement. Il démontre pendant toute sa vie professionnelle un engagement envers l’apprentissage fondé sur la réflexion, ainsi que la création, la diffusion, l’application et l’utilisation de connaissances médicales.
La description du rôle
L’accroissement rapide et la large diffusion des savoirs alliés à la transformation des contextes de soins exigent du médecin spécialisé en médecine de la douleur un effort continu de mise à jour de ses connaissances et habiletés. Ainsi, le médecin exerce son sens critique et maintient une pratique réflexive pendant toute sa carrière. Il reconnaît qu’il faut apprendre continuellement et il cultive sa curiosité scientifique. Il participe à l’enrichissement du savoir médical et à la mise en application de pratiques novatrices validées. Il se préoccupe des besoins relatifs à l’apprentissage chez les patients, les étudiants, les collègues et la population. Il facilite leur processus d’apprentissage tout en favorisant leur autonomie.
Communication
La définition du rôle
En tant que communicateur, le médecin spécialisé en médecine de la douleur facilite la relation médecin-patient et les échanges qui ont lieu avant, pendant et après la consultation médicale. Il favorise une communication axée sur les patients en partageant la prise de décision et en discutant de façon dynamique avec les patients, les membres de leur famille, les professionnels de la santé et toute autre personne pouvant être importante pour le bien-être du patient. Ces compétences sont essentielles pour établir une relation de confiance, formuler un diagnostic, fournir de l’information, chercher à instaurer la compréhension mutuelle et mettre en place un plan de soins partagé.
La description du rôle
La communication en médecine se définit comme un échange entre un médecin et son patient ou ses proches, un autre professionnel de la santé ou une population. La communication doit permettre, d’une part, d’échanger de l’information et, d’autre part, d’établir une relation en utilisant des moyens personnels, tels que la parole, le geste, l’écriture, ou des moyens techniques. Les communications professionnelles tiennent compte des dimensions cognitive, affective et sociale. Ainsi, le médecin spécialisé en médecine de la douleur adapte ses propos en fonction du style cognitif du patient, de ses représentations, de son niveau d’éducation et de littératie en matière de santé de ses caractéristiques sociales tels sa religion, son appartenance culturelle et son statut économique. Il décode les sentiments et les émotions de son interlocuteur et exprime cette compréhension sans blesser, heurter ou autrement gêner.
Professionnalisme
La définition du rôle
En tant que professionnel, le médecin spécialisé en médecine de la douleur se consacre à la santé et s’engage à favoriser le mieux-être des patients et des communautés, à pratiquer dans le respect des personnes, de l’éthique et des normes régissant sa profession. Il assume la responsabilité de ses actions, de sa conduite, de ses activités professionnelles et de la protection de sa propre santé.
La description du rôle
À titre de professionnel de la santé, le médecin spécialisé en médecine de la douleur maîtrise le corpus complexe des connaissances et des habiletés propres à la discipline. Il s’engage à maintenir et perfectionner ses compétences cliniques, à respecter les lois et les codes régissant la profession, à adopter des attitudes et des comportements appropriés, dont la bienveillance, la compassion et l’intégrité. Cet engagement constitue la base du contrat social établi entre les médecins et la société qui, en retour, leur accorde des privilèges dont ceux de la prestation exclusive ou première de certains actes et de l’autoréglementation de la profession. Bien que le médecin se consacre d’abord et avant tout à la santé et au mieux-être de son patient et de la communauté, il n’en demeure pas moins qu’il doit être soucieux de son bien-être et de celui de ses proches, de ses confrères et collègues. Tout au long de sa carrière, il voit à maintenir un équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle.
Capacités et manifestations des différentes compétences
La liste des capacités et manifestations en lien avec les différentes compétences sera fournie sur demande.